Adapei des Pyrénées-Atlantiques

Avec Toray, l’ESAT la Virginie se lance dans le lavage de vêtements de sécurité

Afin de répondre aux besoins de nettoyage des équipements de protection individuelle des usines Toray du bassin de Lacq, l’établissement et service d’aide par le travail a investi cet été 142 000 € dans l’extension de sa blanchisserie. Des premiers pas dans un secteur jugé porteur.

L’ESAT de la Virginie se lance dans le nettoyage des équipements de protection individuelle.
A l’occasion d’une journée portes ouvertes, l’Adapei gestionnaire a dévoilé jeudi aux visiteurs la nouvelle spécialité du site.
Une diversification initiée cet été à la faveur d’un contrat décroché avec les usines Toray, pour lequel un investissement de 142 000€ dans l’aménagement d’une nouvelle laverie a été consenti.

Depuis fin septembre, les vêtements de sécurité des 430 employés du poids lourd de la fibre de carbone sur le bassin de Lacq sont ainsi traités à l’ESAT.
“Ce partenariat est primordial pour nous. Chez nos clients traditionnels, les cliniques et les maisons de retraite, le tendance est à la mutualisation. On arrive sur des volumes sur lesquels nous ne sommes plus en capacité de répondre. On était en perte de marchés”, explique le directeur de l’ESAT, Stéphane Pinard. “L’alternative, c’était soit les vêtements de travail, soit mécaniser à outrance. Mais c’est une course aux armements dans laquelle on ne veut et on ne peut pas s’engager. Notre richesse, c’est de faire travailler des ouvrières, des ouvriers. Dans les vêtements de travail, le process est moins mécanisé. De plus, les entreprises ne sont pas à la recherche que d’un prix, mais aussi d’une qualité de prestation. Là, on redevient compétitifs.”

La rencontre de l’ESAT et de l’industriel est toutefois fortuite. Autour d’un repas pris en début d’année, une salariée de l’Adapei et Sébastien Moreno, patron de l’entreprise 3S Protect de Bordes qui fournit Toray en vêtements de protection, discutent boulot.
Bonne VRP, la salariée vante les compétences de sa structure. Son interlocuteur fait circuler le message. Visiblement avec enthousiasme.

“Nos équipes recherchaient un prestataire capable de répondre à nos besoins. C’est un sujet majeur : il en va de la sécurité de nos salariés à leur poste de travail !”, a expliqué lors d’une courte allocution le PDG de Toray Carbone Fibers Europe, Jean-Marc Guilhempey. “Je dois avouer que l’idée de travailler avec un ESAT n’est pas venue spontanément. C’est après plusieurs échanges avec notre fournisseur et plusieurs visites que nous avons été convaincus par le sérieux de cette structure. Nous avons alors pris conscience que du personnel en situation de handicap ne présentait aucunement un obstacle à notre projet. Bien au contraire : leur dévouement et leur implication ne pouvaient que nous convaincre” a-t-il confessé dans la foulée.

Fin juin, Toray donne finalement son feu vert. Le début d’une course contre la montre pour l’Adapei afin d’être parée pour fin septembre. En l’espace de deux semaines, le conseil d’administration et ses financeurs (ARS, etc…) débloquent les fonds pour aménager le dépôt existant en laverie dédiée.

En parallèle, l’ESAT libère des bras – six salariés et une encadrante – avec la fermeture début septembre de sa laverie orthésienne, sise à la place de la Poustelle depuis 2011.
“La laverie était intéressante en termes d’inclusion. Mais on était dans des locaux qui n’étaient pas adaptés, avec des conditions de travail déplorables. On était aussi en perte d’activité. Du coup, le travail perdait du sens.
Ce marché a été l’opportunité de rapatrier l’équipe et de l’accueillir dans de bonnes conditions », explique Stéphane Pinard, qui n’exclut pas l’idée de renouer un jour avec les particuliers via« l’ouverture d’un comptoir à la Virginie.

De son côté, la blanchisserie dédiée aux vêtements pros, capable de traiter environ 600 kg de linge par jour, va progressivement monter en puissance afin d’attirer d’autres clients.
« Travailler avec une entreprise comme Toray, c’est une fierté pour nos salariés et une belle carte de visite. Aujourd’hui,
nous nous sommes engagés à un niveau de qualité. On va se mettre en ordre de marche”, note le directeur de l’ESAT, optimiste pour l’avenir.
« Ces marchés sont en développement : la réglementation oblige les entreprises, lorsqu’elles fournissent les vêtements, à en assurer le nettoyage. Nous pensons qu’il y a vraiment des opportunités. »

Arnaud Rossignon – La République des Pyrénées